Nous avons besoin de vos témoignages. « Positifs » ou « négatifs », ils permettront sans aucun doute d’avancer. D’avancer vers une meilleure prise en charge par la médecine, d’améliorer les structures de prise en charge de la souffrance …
S’exprimer sous la forme d’un témoignage peut aussi « libérer un peu l’esprit »… !
Dépression = Exclusion ?
La dépression, et les troubles de l’humeur en général, surtout après plusieurs épisodes ou rechutes, sont encore trop souvent de puissants facteurs d’exclusion, à la fois familiale, sociale et professionnelle.
Sur le plan familial d’abord. Combien d’entre nous (s’ils ont pu éviter le divorce) sont ils considérés par leurs conjoint et enfants comme des « malades mentaux » à qui l’on ne peut ni se fier ni se confier.
L’aspect social a lui aussi son importance : les amis « d’avant » se font de plus en plus rares au fil des rechutes, car ils ne vous reconnaissent plus, et un « déprimé » ou « dépressif » ne leur semble pas une compagnie fort agréable. Chacun ses problèmes, comme on dit…
Le problème de l’exclusion professionnelle enfin, revêt une importance toute particulière car il peut entraîner ou en tout cas aggraver les deux autres formes d’exclusion précitées. Il peut aussi aboutir, au bout du compte, à la ruine financière et morale du chômeur en fin de droits. Autant, dans notre société, le travail est un facteur déterminant d’insertion sociale, autant le non travail est un redoutable facteur d’exclusion à tous les niveaux.
Il est vrai que certaines grandes entreprises publiques ont pris en compte le cas de leurs salariés touchés par les maladies dépressives : c’est très encourageant.
Mais les entreprises du secteur concurrentiel ne peuvent guère se permettre, à notre époque de guerre économique mondiale et totale, de conserver trop longtemps des collaborateurs qui ont perdu leur efficacité et leur confiance en eux-mêmes et en leur environnement, même si cela n’est que temporaire. Cela est d’autant plus vrai si ces salariés, avant d’être victimes d’une maladie dépressive, ont atteint un niveau de responsabilité élevé. Et puis il faut, justement à cause de cette guerre économique sans merci, des collaborateurs dynamiques, hyper actifs, des « meneurs d’hommes », des « leaders »…
Qu’arrive-t-il par exemple au cadre qui a perdu son job plusieurs fois de suite pour cause de rechute dans sa maladie ? : il risque de se retrouver avec un C.V. « invendable » auprès des recruteurs, et donc dans l’impossibilité de retrouver une activité professionnelle, avec tous les graves problèmes financiers que cela implique à terme.
Mais il existe des moyens pour lutter contre toutes ces formes d’exclusion provoquées par les maladies dépressives, et notre Association s’est fixée comme objectif n° 1 de contribuer activement à ce combat de tous les instants et à tous les niveaux : « susciter la compréhension du grand public et des milieux socio-professionnels à l’égard de la dépression et combattre les « a priori » concernant les troubles de l’humeur (dépression et maladie maniaco-dépressive) ».
Tel est notre but et notre message d’espoir.
Concrètement, il nous faut :
convaincre de plus en plus de patients et de familles, pour constituer une véritable force de propositions à l’échelle nationale.
communiquer activement en utilisant tous les médias modernes et à forte audience : radio, télévision, Site Internet, avec l’aide d’un et/ou d’une porte-parole célèbre et reconnu(e),
– obtenir la reconnaissance officielle que les maladies dépressives, même si elle sont temporaires, sont un authentique handicap, comme sont reconnues les handicaps psychomoteurs ou la malvoyance, donnant ainsi accès à des emplois aidés autres que des “petits boulots” (je connais des ingénieurs informaticiens non-voyants et des comptables paraplégiques, tous très compétents).
poursuivre résolument dans la voie de la collaboration avec les autres associations européennes, dont certaines ont déjà obtenu des résultats significatifs auprès du grand public et des instances gouvernementales de leur pays.
Car enfin, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
les maladies dépressives concernent directement plusieurs millions de personnes en France.
Il y a environ 12 000 suicides par an en France, soit désormais deux fois plus que de victimes d’accidents de la route.
nombre de malades dépressifs chroniques sombrent dans l’alcool ou les drogues, ce qui peut également déboucher sur une sorte de suicide déguisé « à retardement ».
il semble bien que les coûts directement liés aux troubles de l’humeur constituent le poste le plus important des dépenses de la Sécurité Sociale.
si l’on ajoute les coûts indirects supportés par d’autres organismes ou entreprises (interventions de secours, journées de travail perdues, indemnités Assedic), l’enjeu est de plusieurs milliards d’Euros.
En conclusion : Dépression = Exclusion ?
Non, si nous nous unissons pour que cela cesse, pour que la société de ce pays ne considère plus la dépression comme une maladie honteuse (elle a bien fini par l’admettre pour le Sida), pour que le handicap dépressif soit reconnu et qu’une véritable réinsertion professionnelle devienne possible, et pour que la recherche progresse dans la compréhension de ce qu’il y a de plus complexe au monde : le cerveau humain.
JP