Selon le rapport présenté au congrès Urgence 2014 de la Société Française de la Société Française de Médecine d’Urgence Les troubles psychiatriques du péri et du post-partum (C. Massoubre, E. Desfonds, M. Bendjeddou), la grossesse et le post-partum sont des périodes de vulnérabilité psychique.
Mal dépistée et par conséquent sous-estimée en France, la dépression, qu’il faut savoir différencier du baby blues, surviendrait pourtant chez 10 à 15% des femmes après l’accouchement », rappelle le Professeur Catherine Massoubre et 60% d’entre elles vivent alors leur premier épisode dépressif.
Le baby blues touche 30 à 80 % des accouchées. Il survient entre le 3e et le 5e jour après la naissance indépendamment des facteurs bio-psycho-sociaux et il dure de un jour à une semaine. Aucun traitement médicamenteux n’est nécessaire, seul un soutien est utile.
Selon le Docteur Romain Dugravier, pédopsychiatre au Centre de Psychopathologie Périnatale du Boulevard Brune (CPPBB) CH Sainte-Anne, la dépression postnatale maternelle est bien plus fréquente encore lorsque les femmes sont peu entourées ou confrontées à une certaine adversité. Elle débute souvent dans les 4 semaines après l’accouchement.
Si elle est maintenant mieux connue, elle est encore insuffisamment diagnostiquée (moins d’une fois sur deux). Sa symptomatologie atypique (pleurs, irritabilité, sentiment d’incompétence, culpabilité, découragement) risque d’être confondue avec la fatigue inhérente à l’arrivée d’un nouveau-né. De plus, les femmes concernées se sentent souvent coupables d’éprouver de tels sentiments et peuvent hésiter à en faire part à leur entourage. Les professionnels qui rencontrent ces femmes sont encore trop peu informés et l’usage d’outils de dépistages simples qui existent pourtant (comme l’EPDS, Edinburgh Postnatal Depression Scale) est trop rare. Le risque est plus grand alors que s’instaurent des interactions perturbées marquées par une alternance de désengagement et de moments plus intrusifs. Les enfants de mères déprimées présentent ainsi plus souvent des troubles de l’attachement, voire plus tard, des troubles anxieux et dépressifs. Il existe différents modes de prise en charge de la dépression postnatale sachant que les consultations thérapeutiques sont le traitement de première intention. Le recours à des antidépresseurs n’est pas systématique et requière un avis spécialisé.
Selon le docteur Stéphanie Leclercq, psychiatre, CH La Chartreuse, Maternité CHU Dijon, « la période périnatale est une période à haut risque de troubles psychiques maternels, les femmes ayant 2 fois plus de risques d’être hospitalisées en milieu psychiatrique dans les 18 mois suivant une naissance, comparativement au reste de la vie.
Les dépressions périnatales (10 à 20% des femmes) constituent donc un réel problème de santé publique d’autant que l’altération de la santé mentale des femmes à cette période de la vie peut s’accompagner de troubles des interactions précoces mère-bébé et mettre ainsi en cause le pronostic développemental de l’enfant.
Dans notre société, la venue d’un enfant se doit d’être un moment de grand bonheur et il n’est pas simple pour ces mères souvent culpabilisées d’exprimer leur mal être. Il est donc essentiel de sensibiliser les femmes et les professionnels de la périnatalité à cette question, de repérer le plus précocement possible ces troubles et d’accompagner au mieux la mise en place d’interactions parents-enfants de qualité dans ces contextes dépressifs fragiles, base d’une relation parent-enfant sécure nécessaire au bon développement psychoaffectif de ce dernier. »
Les pères peuvent aussi présenter des troubles psychiatriques pendant cette période, notamment des symptômes dépressifs.
L’association Maman Blues vient en aide et soutient les jeunes mamans qui éprouvent des difficultés et met en garde contre le danger à attendre et à méconnaître ses premiers signes et de les prendre à tort pour ceux du baby blues.